Martel est une ville créée entre le XIe et le milieu du XIIe siècle, possédée par le vicomte de Turenne à partir de 1180, et sans lien attesté avec la légende de Charles Martel. La première mention de Martel, Martell, Martellum dans un document apparaît dans le cartulaire de l'Abbaye d'Aubazine à partir de 1140, et dans l’histoire de la vicomté de Turenne. L'attrait économique de sa position géographique, a fait de Martel une cité « carrefour » au croisement de la route royale Paris-Toulouse qui passait à proximité de Martel et Gramat avant le XVIIème siècle issue de l'antique voie gallo-romaine reliant Paris au midi de la France, et de la route du sel reliant Bordeaux et l'Atlantique vers Aurillac. Ce sel était remonté sur la Dordogne par les gabariers jusqu’à Souillac où il était déchargé, puis suivait l’axe terrestre Martel-Vayrac jusqu'à l'Auvergne. Dans l'histoire des vicomtes de Turenne, on trouve trace d'un conflit entre les bourgeois de la cité et le vicomte, les Martelais allant jusqu'à oser emprisonner le vicomte. C'est à la suite de ce conflit que les Martelais auraient obtenu du vicomte une charte de franchises, les exonérant d'impôts, en 1219 qui est à l'origine de la prospérité de la cité. On y relate aussi un épisode majeur de l'histoire de la petite cité en 1183, où Martel dut accueillir Henri le Jeune, co-roi d'Angleterre et frère aîné de Richard Coeur de Lion, qui mourut dans l'hôtel Fabri après avoir pillé Rocamadour afin de pouvoir payer ses troupes. Les plus anciens vestiges attestés remontent aux XIe et XIIe siècles : des murs de maisons ou d'enceintes, des murs et le tympan de l'église Saint-Maur actuelle, qui était le tympan de la première église romane Saint-Maur. La tour romane carrée ou Tournemire date du tout début du XIIIème siècle. De même, la construction de la Raymondie a débuté au XIII ème siècle. Martel dans le temps Gouvernée par des consuls élus annuellement, Martel a été au cœur des territoires impactés par la guerre de cent ans, entre Aquitaine, anglaise, et vassaux du roi de France. Martel dut se fortifier pour affronter ces temps troublés. La première enceinte remonte au XIIème siècle. La seconde enceinte fut construite au XIVème siècle au début de la guerre de cent ans. Durant celle-ci, la région était infestée de compagnies franches au service du roi d'Angleterre. Malgré la présence des mercenaires anglais, notamment au château de Montvalent, la cité ne sera jamais prise militairement grâce aux talents de négociation de ses consuls, qui surent acheter la sécurité de la cité comme il était de coutume en ces temps troublés. Les cités voisines, notamment Gramat n'eurent pas cette chance. Le traité de Brétigny en 1360 la livra cependant aux Anglais. Duguesclin la reprendra militairement en 1374. Martel fut donc anglaise 14 ans. Au Moyen Âge, Martel est connue pour ses nombreux marchands de blé, de sel et de bestiaux ainsi, que pour sa sénéchaussée royale, à la fois circonscription fiscale et cour de justice, présidée par un lieutenant-général de la sénéchaussée. Le deuxième âge d'or de la ville se situe au XVè et XVIè siècles. La prospérité revient dès 1459, avec la reprise des foires et une extraordinaire vitalité des naissances. Le sénéchal emploi un important personnel de justice. Les "Robins" (hommes de loi) construisent des "hôtels" confortables. L'activitié se ralentit au XVIIè et XVIIIè siècles. La route de Paris à Toulouse ne passe plus par Martel mais par Cressensac et Souillac. Lorsque Charles-Godefroy de la Tour d'Auvergne, petit-neveu d’Henri de la Tour d'Auvergne, dit le Grand Turenne, cède à Louis XV la vicomté de Turenne, le 8 mai 1738, pour honorer le paiement de ses dettes de jeu, Martel perd de son autonomie (la vicomté de Turenne était le dernier fief français, c'est-à-dire un État dans l'État). À la suite de cette vente, les Viscomtins, dorénavant directement rattachés au domaine royal, sont alors contraints à l'impôt et les familles issues de la noblesse de vicomté durent se faire confirmer dans la noblesse du royaume de France. Dès lors Martel décline lentement et ce jusqu'à la Révolution. Lors de celle-ci, la sénéchaussée, qui avait déjà perdu beaucoup de prérogatives face aux gouvernements et parlements, est supprimée privant une grande partie de la bourgeoisie et de la petite noblesse de robe de leurs charges, les incitant à quitter la cité. La population diminue légèrement à partir du XVIIIe siècle, puis de façon plus accentuée à partir de 1870, et ce jusque vers les années 1980. Le commerce de la truffe permettra à la petite cité de rebondir économiquement du XIXe jusqu'au début du XXème siècle, notamment grâce au chemin de fer à partir de la fin du XIXème siècle. De ce riche passé, Martel a hérité d’un important patrimoine architectural : Le Palais de la Raymondie : édifié en 1280 par Bernard de la Raymondie, receveur des impôts royaux, sa construction fut achevée en 1330. Ce palais urbain se compose de quatre ailes autour d’une cour à laquelle on accède par deux arcades. Il présente trois niveaux d’élévation avec sur la façade sud une enfilade d’arcades Renaissance, fenêtres à meneaux et médaillons. Il est aujourd’hui propriété de la commune qui y a installé la mairie et l’office de tourisme.
L'Hôtel Condamine : Hôtel de la monnaie, ancien atelier de frappe des monnaies en usage dans la Vicomté. Il est composé de deux tourelles accolées d’inégales longueurs.
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